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Je donne rendez-vous au prochain hémisphère,
Au café de l'endroit
Louis Brauquier
Il n’y aurait pas de désir d’aventure sans les récits, les rumeurs et les chansons qui alimentent les rêves. Dans les lieux où ils circulent, le réel et le
merveilleux se mêlent pour sortir des pistes, franchir le fleuve ou traverser la mer. Et parmi les écrans où l’aventure se projette, je m’arrêterai sur les cafés. L'American Bar au coin
d'une rue de la Joliette, le Café de la Marine ou encore le Café du Commerce tous deux sur le Vieux Port de Marseille, des endroits chantés par le poète Louis Brauquier. Le
célèbre bar Au rendez-vous des Terre-Neuvas à Fécamp sera le titre d'un roman de Georges
Simenon. Mais on ne va pas s'arrêter là !
De la taverne de la Pomme de pin au Flore et autres cafés des Surréalistes, sans oublier le Café de l’Aventure (Paris), ces lieux communs, parfois célèbres, deviennent des cercles magiques. Ainsi Jean-Marie Vivier chante A bord du Grand café et Marie Paule Belle le Café Renard, G. Allwright l'As de pique. Parmi quelques endroits mythiques propres aux marins citons : le Bar de la Marine de la trilogie César Marius, Fanny, l’Amiral Benbow de Stevenson mais aussi le fameux "Angel Pub" de Londres d'où l'on pouvait le mieux assister aux pendaisons sur Execution Dock (lieu célèbre du roman de Larsson sur John Silver) et l'auberge de la Longue Vue tenue par Silver en personne, spécialiste du barbecue. Citons également l'As de pique de G. Allwright, le B and B à Kodiac de Catherine Poulain, mais aussi tous ceux que ressuscite Pierre Mac Orlan :
Brest avec la Longue vue, le Bon chien jaune ou le Café de la marine et ses « petites alliées ». L’auberge du Père Vacher, elle, se trouve dans la normande ville de Dieppedalle. Mais le principal siège des alcools est à Rouen où « Le jour nous apparaissait comme un ennemi ! Nous buvions d’une façon solennelle et désolante » : A la Parisienne trônait Nelly, le Critérion Bar célébrait sa fameuse barmaid et on se retrouvait aussi au Rat qui n'est pas mort où au Poisson Sec " L’aspect de la grande salle du « Poisson sec » valait certainement le prix d’un gobelet d’ale ou de stout. Les murs, peints en rouge sang de bœuf, un peu comme on pourrait imaginer le parloir d’un ancien exécuteur des hautes œuvres, s’ornaient de chromos illustrés luxueusement par les plus célèbres vendeurs de spiritueux du monde entier." Mais c'est au Nielsen que Chetti appris l’accordéon à Mac-Orlan. Sans oublier l’Albion Bar, le Café Steuerer, le Polair Star, et le London Bar, inspiré du Fultha Fisher de Kipling « Twas Fultah Fisher’s boarding-house/ Where sailor-men reside ».
Toujours à Rouen, près du Perroquet Vert, on trouvait des bouges beaucoup moins séduisants, fréquentés par les dockers et les chauffeurs chinois : "Il n'y avait là ni femmes ni hommes mais des buveurs d'absinthe... Cette orgie n'était jamais troublée par l'éclat d'une chanson. En sommes il n'y avait pas de quoi chanter.". (1bis)
1. Cafés du coin, café des lointains
François Villon, au XVème siècle, aurait fréquenté assidument la "Pomme de Pin", estaminet célèbre, rendez vous de la pègre mais aussi des poètes. Les coquillards appelés aussi les Argots fréquentaient bouges et vergnes de mauvaise réputation. Le Procope premier "café" ouvre à Paris en 1676. C'est un lieu de réunion, une sorte de salon public fréquenté par la bourgeoisie : " Le règne du café sera celui de la tempérance et de la causerie" écrit deux siècles plus tard Jules Michelet. La nouvelle boisson détrône les alcools forts qui pourtant continueront leur œuvre destructrice dans les couches populaires tableau si bien brossée par Émile Zola dans "l' Assommoir". Balzac définira d'ailleurs le cabaret comme « la salle de conseil du peuple (1) ».
Plus chics, donc, les cafés accueillent les philosophes comme Rousseau, d'Alembert ou Voltaire, les politiques mais aussi, les poètes peintres et écrivains. Ceux de Montmartre dont parle si bien Pierre Mac Orlan (2) ou Joseph Kessel (3) sont vite très célèbres : ainsi l'inquiétant Lapin Blanc (boulevard Barbès) où l'on chantait toute la nuit, le Zut fondé par l'anarchiste Gilbert Lenoir et fermé en 1902 après une bagarre générale, le Lapin Agile (1875) qui appartint au chansonnier Aristide Bruant avant d'être vendu au célèbre Frédé (Frédéric Gérard), le Quat'Z'Arts (1895) où se produisent Jehan Rictus et Lucien Boyer et le Chat Noir (1881), tous près du Moulin Rouge. Rive gauche, Saint Germain et le quartier Latin auront aussi leurs établissements et leurs célébrités tels Verlaine, Rimbaud, Moréas, Paul Fort, Apollinaire. N'oublions pas l'Oeuf Dur de saint Cyr sur Morin créé en 1912 par Julien Caillé et Frédéric Gérard.
Valéry Larbaud nous fait voyager à partir de son clair petit bar inclu dans le recueil "Les poésies de A. O.
Barnabooth", poèsie parue sous le titre Scheveningue Morte Saison, publiés pour la première fois en 1908 sous le titre étrange de "Poèmes par un riche amateur". A.O Barnebooth", hétéronyme de Valéry Larbaud est la contraction de la ville de de Barnes, située près de Londres et de Booth, nom d'une chaîne de pharmacie anglaise. Le café est une halte intime où tout devient voyage au coeur d'une recherche vaine "Et où que j'aille, dans l'univers entier, Je rencontre toujours, Hors de moi comme en moi, L'irremplissable Vide, L'inconquérable Rien." Gérard Pierron mettra ce poème en
chanson dans son album Carnet de bord (Trésors perdus, Frémeaux éditeurs).
Dans le clair petit bar aux meubles bien cirés,
Nous avons longuement bu des boissons anglaises;
C'était intime et chaud sous les rideaux tirés.
Dehors le vent de mer faisait trembler les chaises.
On eût dit un fumoir de navire ou de train :
J'avais le cœur serré comme quand on voyage;
J'étais tout attendri, j'étais doux et lointain;
J'étais comme un enfant plein d'angoisse et très sage.
Cependant, tout était si calme autour de nous!
Des gens, près du comptoir, faisaient des confidences.
Oh, comme on est petit, comme on est à genoux,
Certains soirs, vous sentant si près, ô flots immenses!
François Morel et Reinhardt Wagner crééent aussi une chanson où ils évoquent le texte de Valéry Larbaud Dans le fumoir anglais.
Dans l'entre deux guerres, les artistes vont migrer vers Montparnasse où l'on trouve la célèbre Kiki. Francis Carco délaisse la Butte pour les fréquenter (4). C'est la période faste du Dôme, de la Coupole, du Sélect, de la Closerie des lilas et de la Rotonde avec son fameux patron Victor Libion. Rive gauche, Saint Germain et le quartier Latin ont aussi leurs établissements et leurs célèbrités tels Verlaine, Rimbaud, Moréas, Paul Fort, Apollinaire.
A côté des maisons très connues, chaque café est un endroit de contact humain et d’échanges. Cafés du coin, des popotins, certes, mais aussi cafés des lointains à
l’image de la Petite Vache de la rue Mazarine (Paris), melting pot de savants, d’explorateurs, d’aventuriers et d’artistes. Cafés du port que les marins surnommaient souvent le Rade. S’y
croisent des mondes et des senteurs d’ailleurs. Tous les possibles s’y mêlent à l’image de la taverne des Nouveaux Contes de Cantorbéry de Jean Ray, à bord du Mermaid ancré au large des côtes
américaines où l’on déguste les élixirs de folie sur la Rum Row en écoutant les "airs meurtriers" du Jazz Band, sans oublier la Belle Guinguette, le bar de Jarvis et le Chinois rusé.
2. Cafés maritimes, cafés mythiques
On trouve aussi de ces nombrils dans le monde maritime un peu partout sur la planète : Le Pearl of Isabel près de Galvestion (Texas), l’Indoor-Yacht-Club de Détroit, tous deux nés avec la prohibition, Micalvi à Puerto Williams près du Horn, les défunts Palmier en zinc de Djibouti,
Château d'eau de Douala surmonté d'un feu rouge ou encore la Frégate, et Chez Kontchupé, sans oublier le bar du Continental Palace à Saïgon et l'immense Zillerthall de Hambourg avec ses étages
ouverts, l'orchestre bavarois en culottes courtes et les plantureuses serveuses en jupe courte portant jusqu'à cinq lourdes chopes de bière blonde dans chaque main. Le Chateau d'eau de Douala, en
Afrique, était un quartier bien connu de cafés baignés dans l'atmosphère des lampes à gaz ou à pétrole. La Frégate y accueillait marins, soldats et broussards en quête de bamboche.
Dans les mers chaudes
Voici quelques célèbres adresses d’escales où naissent les histoires et les chansons de la mer. Pour nos amis des Caraïbes, rendez-vous à l’extraordinaire Whaleboner de Béquia avec son mobilier en os de baleine, le mythique Basils’bar et son toit de paille sur son petit cap à l’île Moustique, Mango Bay au Marin de la Martinique) sans oublier le Select à Gustavia. On y dégustera le schrubb bien épicé. Mais voici un café bien particulier. Placé en pleine campagne bretonne il possède pourtant une belle odeur des îles. On pourrait tout à fait s'imaginer être dans l'une de ces tavernes de flibustiers des Caraïbes sur l'île de la Tortue dont l'une, fréquentée par Borgnefesse et ses acolytes, portait justement ce nom : Au Rat qui Pète. Ouvert en 2005 c’est un Pub familial et festif, où l'on vient aussi bien s'essayer à de nouveaux jeux de société autour de la cheminée, que profiter des concerts variés.
Plus au froid
Plus au froid réchauffons-nous au Mermaid et au New Inn des îles Scillys en mer Celtique, et la célèbre la Morue joyeuse à Saint Pierre (Terre Neuve). Sans prendre la mer il est possible d’y passer un moment en visionnant le film Le Crabe-tambour de Pierre Schoendoerffer ou en écoutant Pierre Calvé.
Sur la route Atlantique les rades, ces cafés de marins, ne manquent pas. On écoute la musique du Cap Vert au Club musical Nautico de Mindelo, complètement ouvert vers un ciel où il ne pleut jamais, avec sa déco classique de pavillons, guitares et cartes du monde.
En plein Atlantique
Mais je vous propose une escale prolongée chez José Henrique Azevedo au Peters’ Bar, le célèbre Café Sport des Açores, plaque tournante de la navigation depuis cent ans. Ses murs sont décorés des pavillons du monde entier laissés en souvenir par les marins qui traversent l’Atlantique. Autrefois, le café faisait office de poste restante pour les marins de passage. Aujourd’hui encore, au panneau d’affichage en bois sont toujours épinglés des notes, des télégrammes et des lettres qui attendent que quelqu’un vienne les réclamer.
Dans une époque lointaine, on fumait là des pipes en ivoire de cachalot. Peter, le fondateur du lieu, était un grand collectionneur de scrimshaw, ces illustrations gravées elles aussi sur les dents des cachalots. Au dessus du bar un petit musée de ces artefacts. Les plus anciennes pièces représentent des scènes de chasse à la baleine et parmi les plus récentes, on reconnaît les portraits de marins connus (Tabarly, Chichester...). À ne pas rater non plus, le livre d’or, où l’on trouve les traces du passage au Peter’s Bar des plus grands aventuriers de l’Atlantique : Joshua Slocum, Alain Gerbault, Connor O’Brien, le capitaine R. D. Graham, Knud Andersen, Marjorie Peterson ou encore Marcel Bardiaux mais aussi de l’équipage du petit Béligou. Des visiteurs aussi illustres que ce rade !
Plus près de nous
Plus près de nous vous ne connaitrez jamais les célébrités évanouies comme Chez Mado ou encore le Bar des chargeurs à
Bordeaux. Mais en voici de biens naviguants : le bar de la Marine à Marseille, un des fiefs du poète et marin disparu Louis Brauquier,
Ti Beudeff à Port Tudy (Groix) où Michel Tonnerre créa Djiboudjep, Kloz en Douet à Merlevenez, le Cunningham à Saint Malo, le Bar de l’escadrille à Port Joinville, la Boule d'or de Cancale, le Bar de la Marine à Ti Maria, le Café du Port à Lomener et son patron Mario, Kerroch Café à Ploemeur, Chez Gaud à Loguivy de la mer, la Peau de l'Ours à Port Louis, lieu de
prédilection des Premiers de bordée mais
encore le Bar de l’escadrille à l’île d’Yeu ainsi que le Maritime, qu’on l’appelle aussi le Cafmar, lieux de prédilection des chanteurs Les
Tribordais . Lieu de chansons toujours comment ne pas citer le Café des Mouettes à Plérin/Mer, animé par
Guillaume et Cindy Desmond.
Réels ou imaginaires certains ont fait l’objet de chansons et de
poésies comme le Restaurant La Falaise à Yport, chanté par Pierre Yves Gien, le Café du port de Gérard Jaffrès, le Bistrot du port de Lys Gauty (Saudemont-G.Groener), le mythique bastringue de la chanson "Escale", la Taverne de Mikaël
Yaouank, le Bar des
marins d'Armand Lomenech, Au cabaret des minteux de Jacques Yvard. Le poète et marin Hervé Guillemer nous fait entrer dans la taverne des Trois Matelots où "résonnent les
chants d'antan que l'on chantait au cabestan". Pour écouter des chansons sur ces cafés, voyez là.
3. Lieux d’observation des mouvements du monde
L'estaminet est souvent considéré comme une vigie prophétique d’observation du monde comme l’imaginaire Deep Café de Montréal de Léonard Cohen (1964) dont il disait
« De mon café profond, je scrute le paysage tranquille » tout en prédisant qu’il en sortirait bientôt « une salve de chansons folk parlant de liberté et de mort ». Les
nombreuses Boîtes à chanson ont en effet défendu la langue française et l'autonomie du Québec, comme la Brique, le Petit Champlain et les Oiseaux de passage de Pierre Jobin (1964), La butte à Mathieu, Chez Bozo ou
encore le Patriote. Elles ont révélé des Leclerc, Léveillée, Ferland, Charlebois, Vigneault, Lévesque, Mirville Deschêne, DesRochers… Dans les régions françaises on peut citer Le Virgule de
Jean-Marie Quiesse et la Prairie de Caen (Jacques Lebouteiller, Serge Langeois), Kloz-en-Douët près de Lorient avec Lucien Gourong, l'Arpège de Guy Tudy à
Rennes, les Baladins d'Auray et le Bateau Lavoir de Nantes, La Closerie, la Scala, le Neptune, le Pet au diable, Si les vaches avaient des ailes, le Stirwen...Certes il y en eu (et il en reste
encore quelques unes) de très nombreuses à Paris dont nous parlerons plus bas.
4. Le temps des Goguettes et de leurs descendantes
Ainsi, tavernes, Estaminets à bière, sulfureux cafés-caveaux, bistrots, joyeuses Goguettes, cafés concerts, cabarets rive droite, cabarets rive gauche, tous furent des lieux où l’on fumait, ripaillait, mais aussi où l’on chantait. On y brocardait l’église, le gouvernement. Des milliers de Goguettes ont d’ailleurs donné un genre particulier de chanson décapante et politique : Dansons la capucine (Carmagnole), Frère Jacques (JPH Rameau), l’Internationale (Potier) et la célèbre Chanson du Carnaval de Dunkerque. Un de ces derniers établissements encore ouverts est celle de Noëlle Tartier à Ivry, le Limonaire qui a failli disparaître avec sa patronne en 2017. Là se produit encore Françoise Mingot-Tauran dite Fanfan, grande poétesse de Goguettes. (voir son ouvrage "Quand sera venu le temps des Goguettes" éditions Wallada).
On n'arrête pas la chanson ! L'interdiction des goguettes sous Napoléon III va profiter à une nouvelle prolifération, celle des Cafés Concerts (300 à Paris), héritiers des Cafés chantants dont le Géant, boulevard du Temple, est l'exemple même. Ces lieux d'inspiration carnavalesque donneront naissance au Music-halls tels l'Olympia ou les Folies Bergères. Et parlons aussi des Guinguettes où l'on chanta aussi "le Temps des Cerises comme dans le film Casque d'Or .
Le sam'di soir après l'turbin l'ouvrier parisien
Dit à sa femme comme dessert
J'te paie le café concert
5. Le temps des cabarets artistiques
Et puis viennent les "cabarets artistiques" où le texte prime sur le spectacle comme au Chat Noir ou au cabaret du Néant à Pigalle. Richepin, Couté, Dranem, Rictus ou Bruant y excellent Au XXème siècle, faisons un arrêt au Tabou, à la Rose Rouge, Chez Tonton, le Petit théâtre de nuit, au saint Yves, le Lapin à Gilles, la Vie Parisienne, au Bateau Ivre, au Saint Germain, à l'Echelle de Jacob, chez Georges, à la Contrescarpe, à l’Écluse, au Bœuf sur le toit, au Don Camillo, au Cheval D'or, au Quod Libet, chez Milord Larsouille, à la Colombe, chez Moineau, Méphisto, Ma Pomme, chez Solange, l'Amiral, la Villa d'Este, La Jungle où se produisait Kiki de Montparnasse, le Drap d'or, le Bar Vert, les Trois Baudets, gipsy's, Patachou, l'Echanson, le Club du Vieux Colombier, le Plancher des Vaches, les Assassins, le Trou, la Tomate, les Trois Maillets, la Fontaine des Quatre saisons, la Polka des mandibules, le Tobago Circus, l'Arlequin, l’Étable, la Peau de Vache, le Diable à Quatre, la Grignotière, le Wagon, la Bolée, le Champo, le Roméo, le Latin, l'Arche de Noë, le Villon, la Grande Séverine, chez Papille, le Caveau des Oubliettes, la Chanson Galande, le Bidule, le Petit Pont, le Caveau de la Terreur, la Mercerie, la Méthode, le Pénitencier, la Puce, le Lorientais, la Vieille Grille, l'Ecole Buissonnière, le Bus, la Cabane Bambou, Ti Joss et beaucoup d'autres .
Marcel Amont, Greame Allwright, Béatrice Arnac, Ricet-Barrier, Guy Béart (1957), Guy Bedos, Romain Bouteille, Jacques Brel, Georges Brassens (1952), Guy Béart, Barbara, Jean-Roger Caussimon, Philippe Clay (1953), Pia Colombo, Les Compagnons de la Chanson, Pierre Dac, Jacqueline Danno, Jean-Claude Darnal (1954), Raymond Devos, Jacques Douai, Jacques Doyen, Lèny Escudèro, Maurice Fanon, Jean Ferrat, Léo Ferré, Jacqueline François (1948), les Frères Jacques, Serge Gainsbourg, Georges et Jean-Luc, Juliette Gréco, Bernard Haller, Pauline Julien, Luce Klein, Serge Lama, Boby Lapointe (1960), Félix Leclerc (1949), Pierre Louki, Hélène Martin, Maryse Martin, le mime Marceau, Marcel Mouloudji, Jeanne Moreau, Monique Morelli, Georges Moustaki, Jean Nohain, Claude Nougaro, Marc Ogeret, Pierre Perret, Paul Préboist, Daniel Prevost, Fernand Raynaud (1951), Serge Reggiani, Colette Renard, Roger Riffard, Henri Salvador, Catherine Sauvage, Christine Sèvres, Francesca Solleville, Anne Sylvestre, Henri Tachan, Anne Vanderlove, Boris Vian, Paul Villaz, Jean-Marie Vivier, Virginie Vitry, Jean Yanne... et autres... se sont produits sur ces scènes minuscules.
6. Rade, cafés et bars de la marine, échos des Rumeurs de la mer
Les marins utilisaient donc un nom bien à eux pour qualifier leurs cafés : le Rade.Une exposition au Musée maritime de Douarnenez (2020) nous rappelle qu'autour de chaque escalier
d'immeuble se regroupaient les famille d'un équipage et qu'un café s'ouvrait au rez de chaussée, presque toujours tenu par une femme. Là se retrouvaient les marins, là reposait leur paye
que l'on partageait à même les tables chaque mois. Par leur nombre et leurs évolutions, les bistros témoignent des mutations sociales du XXe siècle. Ils étaient 400 en 1920 sur Douarnenez, 260 en
1956, quelques dizaines aujourd’hui. La généralisation du chèque bancaire et de l'automobile où les femmes attendaient sur le quai le retour de leur époux a fait perdre au café son rôle de
banque populaire et l'habituelle transmutation des liquidités monétaires en vin rouge.
Reste que le bistrot reste un lieu refuge bien stable avec son décor particulier d’acajou, de cuivres, d’ancres, de cordages et d’objets improbables bien dépeints par le scénariste et comédien Jacques Probst lors de sa rencontre avec Cendrars :
« La porte de la «Goélette bleue» franchie, on entrait dans la pénombre des fonds marins, seul éclairage d’une salle tout en longueur qu’un comptoir de zinc sur son flanc longeait sur sa moitié. Pas de musique, mais, de temps en temps, la plainte modulée, ou le chant d’une jeune baleine à travers l’océan, et le chant, ou la plainte modulée, d’une vieille baleine pour lui répondre. De vieilles vergues vermoulues suspendues en haut des murs descendaient pour les tapisser des voiles déchirées bleu pâle. Le mur du fond, que ne masquait aucune voile, semblait avoir éclaté sous l’intrusion dans la salle d’une tête de cachalot grandeur nature et «taxidermisée», une tête grosse comme ensemble trois éléphants tout entiers ».
7. Du bistrot au lupanar : l'exemple du Grand Monde
Parmi les lieux célèbres de rencontre des marins, un dernier souvenir pour le "Grand Monde" de Cholon (Saigon). Une ville dans la ville aux murs jaunes, situé rue des marins ! Un "ensemble architectural peu ordinaire, fait d'une série de bâtiments différents, très vaste quadrilatère tenant à la fois du marché couvert, du parc d'attractions, du salon d'affaires et de la maison de rendez-vous, sorte de Ritz et de Magic City" (CH Favrod le Temps). Plusieurs étages avec ses galeries donnant sur la grande salle de jeu où descendaient les paniers contenant les mises et remontaient rarement la fortune.
Jean-Marie Quiesse
Mai 2020 - Mise à jour - 30 01 2024 - 16 08 2024 - 01 10 2024 - 27 11 2024
Ecouter l'émission d'Heure maritimes consacrée aux cafés du port
Pierre Jobin quatre heures d'émissions
(1) Honoré de Balzac - Les Paysans - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/394
[ib) Pierre Mac-Orlan – Nuits aux bouges – Flammarion, 1929.
(2) Pierre Mac-Orlan - Marguerite de la nuit, Quai des brumes, Mémoires, Sous la lumière froide...
(2bis) Pierre Mac- Orlan -Nuits aux bouges
(3) Joseph Kessel - Nuits de Montmartre - Christian Bourgois, 1990
(4) Francis Carco - De Montmartre au quartier Latin - Sauret, 1993